Contrôle technique moto 2024 : ce qui change pour les motards

Contrôle technique moto 2024 : ce qui change pour les motards

Un changement attendu et contesté

Après plusieurs années de débats, de reports et de contestations, le contrôle technique moto devient enfin une réalité en France en 2024. Ce nouveau dispositif, qui s’inscrit dans la continuité des recommandations européennes, vise à renforcer la sécurité sur les routes tout en réduisant l’impact environnemental des deux-roues motorisés. Que vous soyez motard au quotidien ou amateur de balades dominicales, voici ce que cette réforme implique concrètement pour vous.

Pourquoi ce changement ?

La mise en place du contrôle technique pour les motos ne date pas d’hier. En 2014, une directive européenne prévoyait déjà l’introduction d’un contrôle technique périodique pour les motos de plus de 125 cm³ à compter de 2022. La France avait repoussé l’échéance à plusieurs reprises, invoquant d’autres mesures jugées plus efficaces pour améliorer la sécurité des motards.

Mais sous la pression de plusieurs associations, de la Commission européenne et après une décision du Conseil d’État en 2023, le gouvernement français a été contraint d’appliquer cette directive. L’entrée en vigueur a donc été fixée à avril 2024, avec une mise en place progressive suivant l’année de mise en circulation des véhicules.

Quels véhicules sont concernés ?

Contrairement à certaines idées reçues, tous les deux-roues ne sont pas concernés par ce nouveau dispositif. Seuls les véhicules motorisés de catégorie L (motocycles, scooters et tricycles à moteur) sont visés. Voici les principaux types de véhicules qui entrent dans le champ du contrôle technique :

  • Les motos de plus de 125 cm³
  • Les scooters de cylindrée équivalente
  • Les tricycles motorisés type Piaggio MP3
  • Les quads homologués pour un usage routier

Les cyclomoteurs de 50 cm³ ne sont pas concernés pour l’instant, bien que cela puisse évoluer à l’avenir en fonction des futures orientations réglementaires.

Quand passer le contrôle technique ?

Le calendrier de mise en œuvre est échelonné sur plusieurs mois afin de ne pas saturer les centres agréés. Il dépend de la date de première mise en circulation de votre véhicule. Voici le découpage prévu :

  • Pour les motos immatriculées avant le 1er janvier 2017, le premier contrôle devra être réalisé entre avril et décembre 2024.
  • Pour les modèles mis en circulation entre 2017 et 2019, la date limite est fixée en 2025.
  • Pour les motos de 2020 à 2022, l’échéance est prévue pour 2026.
  • Pour les véhicules à partir de 2023, le premier contrôle interviendra 4 ans après leur mise en circulation.

Par la suite, la fréquence sera la même que pour les voitures : un contrôle tous les deux ans. En cas de vente de la moto, le contrôle technique devra dater de moins de six mois.

Quels points sont vérifiés ?

Le contrôle technique moto reprend en partie les standards de celui des voitures, mais il s’adapte aux spécificités des deux-roues. Il porte sur une quarantaine de points de contrôle, axés sur la sécurité, la conformité et les émissions polluantes. Voici les éléments principaux examinés :

  • Le système de freinage (usure, fuite, efficacité)
  • La direction et la suspension (jeu, état des amortisseurs)
  • Les pneus et roues (état, pression, usure)
  • L’éclairage et la signalisation
  • Le cadre et les fixations (fissures, corrosion excessive)
  • La pollution : contrôle des émissions, notamment pour les motos récentes
  • Le niveau sonore (notamment en cas de pot d’échappement modifié)
  • La présence et l’état des dispositifs obligatoires : rétroviseurs, plaque d’immatriculation, avertisseur sonore

À noter que toute modification non homologuée (échappement, éclairage, feux additionnels, etc.) peut entraîner une défaillance, parfois critique, obligeant à une contre-visite.

Combien ça coûte ?

Le prix du contrôle technique moto a été encadré par décret. Il oscille entre 50 et 70 €, selon les centres et la région. Toutefois, ce tarif pourrait varier en fonction d’éventuelles prestations complémentaires (analyse des gaz, mesures sonores, etc.). Dans tous les cas, la prestation est bien moins onéreuse que pour les automobiles, en raison de la simplicité mécanique relative d’une moto.

En cas de défaillance majeure ou critique, vous aurez respectivement deux mois ou 24 heures pour faire réparer votre véhicule et effectuer une contre-visite. Cette dernière, elle aussi payante, coûte généralement entre 15 et 25 €.

Quels sont les risques en cas de non-respect ?

Comme pour les voitures, circuler avec une moto qui ne possède pas de contrôle technique à jour sera passible d’une amende forfaitaire de 135 €. En cas de récidive ou d’accident, cela peut aussi avoir des conséquences sur la couverture par l’assurance. Il est donc crucial de respecter les échéances pour ne pas se retrouver en infraction.

Où passer le contrôle technique ?

Pas tous les centres techniques sont habilités à effectuer ce nouveau contrôle. Il faut s’assurer que le centre choisi est agréé pour la catégorie L. Actuellement, les principaux réseaux (DEKRA, Autosur, Sécuritest, etc.) proposent des plages horaires réservées aux deux-roues. De nouveaux centres exclusivement dédiés aux motos pourraient voir le jour rapidement, notamment dans les zones où la demande est forte.

Il est conseillé de prendre rendez-vous plusieurs semaines à l’avance, surtout en 2024, année de lancement où une forte affluence est attendue.

Quels équipements peuvent poser problème ?

Nombreux sont les motards qui personnalisent leur moto. Si cette pratique peut améliorer l’esthétique ou le confort, elle peut poser souci lors du contrôle technique. Sont notamment concernés :

  • Les pots d’échappement non homologués ou décatalysés
  • Les clignotants LED non conformes
  • Les plaques d’immatriculation de format non réglementaire
  • Les rétroviseurs modifiés ou retirés

Avant de présenter votre moto à l’examen, mieux vaut vérifier sa conformité avec la réglementation en vigueur. Certains petits ajustements peuvent éviter une contre-visite coûteuse.

Un impact indirect sur le marché de l’occasion

À l’instar des voitures, ce nouveau contrôle risque de renforcer l’exigence sur le marché de l’occasion. Les acheteurs exigeront un contrôle technique à jour et seront plus vigilants face aux modifications. Cela pourrait ralentir certaines ventes, mais aussi assainir le marché en écartant les véhicules peu sûrs ou trop modifiés.

Quel avenir pour la sécurité routière des motards ?

Si certains motards perçoivent cette réforme comme une contrainte administrative supplémentaire, elle s’inscrit dans une logique de prévention. En France, les deux-roues représentent environ 2 % du trafic mais plus de 20 % des victimes d’accidents mortels. Améliorer l’état du parc roulant par des vérifications régulières pourrait, à terme, contribuer à réduire ces chiffres.

Le contrôle technique ne remplacera jamais la vigilance, la formation et le bon sens sur la route, mais il s’ajoute à l’arsenal de mesures visant à rendre la pratique de la moto plus sûre pour tous.

Romuald